Comment faire le compte rendu d’un livre aussi multiple et aussi excessif où l’on retrouve souvent le souffle sulfureux de Nietzsche, sur fond d’exaltation lyrique et de froide provocation ? Le livre est d’ailleurs émaillé de poèmes explosifs.
Le philosophe de « la transmutation de toutes les valeurs », qui disait qu’il fallait philosopher à coups de marteau, s’est trouvé un disciple en la personne de cet écrivain flamboyant dont « Le théâtre des opérations » proclame que seuls les auteurs qui annoncent la fin du monde peuvent envisager l’avenir. Dantec ne se prive ni de l’un ni de l’autre.
Rarement un « Journal » aura eu une telle ampleur et une telle violence militante. Dantec, qui ne dédaigne pas de parler de métaphysique, poursuit une quête furibonde de la Connaissance, sur les traces des traditions mystiques tant orientales qu’occidentales, d’une Connaissance qui doit transformer l’homme et le projeter au-delà des limites étroites de l’individu.
« Le problème de la vérité, écrit-il dans le style très particulier qui est le sien, c’est qu’elle est incroyable. » Pour cette seule phrase, je recommanderais son livre, même si le ton est parfois excessivement agressif. Dantec attaque sur tous les fronts et son propos est clair et franc ; il mène son combat à visière levée.