Le lieutenant-inspecteur Bonneau est un bien étrange policier, lui qui se distingue par sa bêtise et son incompétence. Voulant miner son moral et le pousser vers la retraite, son supérieur lui affecte un jeune assistant allergique aux règles et à l’autorité. Mais, bien sûr, les choses ne se passeront pas exactement comme prévu…
Une jeune femme en panique court dans la rue, sous la pluie et dans le froid et l’obscurité. Semblant poursuivie, elle se croit sauvée lorsqu’elle aperçoit une silhouette féminine la regardant à travers la paroi transparente d’un abribus. Mais elle est soudainement heurtée par un véhicule qui poursuit sa route. Accident ou meurtre ? L’inspecteur Bonneau, chargé de l’affaire, opte d’emblée pour la première hypothèse. Il s’agirait donc d’un banal délit de fuite. Mais voilà que le jeune Lamouche, le « Ti-Joe Connaissant » qu’on lui a mis dans les pattes, n’est pas du tout du même avis.
Ce sera là le point de départ d’une enquête qui s’avérera particulièrement complexe et pleine de rebondissements. Une enquête au cours de laquelle le pauvre Bonneau enchaînera les gaffes aberrantes, se montrera profondément obtus et encaissera insultes et coups à répétition. À tel point qu’on en vient à ne plus trouver très drôles son extrême bêtise et les mauvais traitements dont il est constamment l’objet.
Néanmoins, l’intrigue efficace, haletante et fort bien ficelée de ce premier roman de J.L. Blanchard vient heureusement sauver la donne. L’auteur se montre très habile pour maintenir et même faire monter la tension jusqu’à la toute fin de l’histoire. De plus, ses dialogues sont vivants, colorés et pleins d’humour. Et il a la bonne idée de retarder jusqu’à la conclusion la révélation de certaines informations particulièrement intéressantes à propos de ses deux protagonistes, Bonneau et Lamouche. Concernant le premier, il relate la suite d’événements improbables et savoureux ayant mené à son accession à la carrière de policier. Et, à propos du second, il explique la signification et l’origine de l’expression « règle d’Archibald », qui l’ont conduit lui aussi à vouloir être policier. Au final, J.L. Blanchard nous offre un excellent polar. Espérons qu’il nous ramènera ses deux policiers mal assortis. (Et qu’il ménagera un peu plus Bonneau…)