Joseph Mitchell a été journaliste au New Yorker pendant plus de trente ans, tout de suite après la Seconde Guerre mondiale. On dit de lui qu’il a imposé un nouveau style dans le domaine journalistique : le portrait.
Son ouvrage est constitué de deux articles qui ont paru à 22 ans d’intervalle mais qui traitent du même personnage : Joe Gould. Surnommé professeur Mouette, il sillonne Greenwich Village depuis de nombreuses années. Il parle, à qui veut l’entendre, et aussi à qui ne veut pas l’entendre, de l’Histoire orale, ouvrage qui fera de lui un grand auteur. Dans cette œuvre, il rapporte, dit-il, tout ce qu’il entend dans les rencontres qu’il fait, au hasard des rues, dans ce quartier de New York riche d’une faune diverse, artistes et autres. Ceux qui le connaissent et ceux qui le croisent occasionnellement lui paient à boire et à manger. Il fait le pique-assiette dans toutes les fêtes, invité ou pas, et loge dans les gîtes pour les sans-abri.
Le journaliste entend parler de lui, désire le rencontrer, cherche à parler aux gens qui le connaissent. Or voilà que Gould, informé par la rumeur publique, débarque dans son bureau un bon matin. Une relation naît entre les deux hommes ; le journaliste tente de percer à jour ce personnage très singulier qui porte toujours avec lui une chemise marron dans laquelle se trouvent les petits cahiers qu’il remplit assidûment et qu’il dépose, une fois terminés, chez des amis ici ou là, le plus gros de son œuvre étant en sécurité chez une amie à la campagne. Mitchell commence toutefois à se désintéresser de son sujet, de plus en plus envahissant et, faute d’avoir pu consulter le travail de Gould, songe à abandonner. Mais des événements les lieront néanmoins, au-delà même de la mort.