Fin des années 1990. La Chine bouillonne, remue en tous sens, louvoyant entre la nouvelle obsession de tous, celle de devenir riche, la corruption endémique, les mille et une tracasseries bureaucratiques et les « trous » politiques et légaux laissant place à toutes les interprétations. « Le Parti a des stratégies, le peuple a des contre-stratégies », explique un des personnages, qui ajoute : « Êtes-vous capable de me dire ce qui est légal de nos jours et ce qui ne l’est pas ? » Wang Mei, elle, ne le sait plus trop. Aussi décide-t-elle d’ouvrir une petite agence de détectives privés, pourtant supposée illégale, après avoir démissionné de son poste dans la Sécurité nationale. Mais alors qu’elle enquête sur la disparition de trésors du patrimoine national, sa mère est hospitalisée d’urgence et soudain tout s’emmêle : le passé et le présent, les anciens gardes rouges et les nouveaux potentats du pouvoir, la Révolution culturelle et les appartements de luxe qui poussent comme des champignons dans Beijing, la mort de son père dans un camp de rééducation et sa rupture avec Yaping, le secret de sa mère et le trafic d’objets précieux.
L’auteure, qui s’est elle-même frottée aux grandes turbulences de la Chine depuis les années 1970, est née à Beijing en 1966. Elle a passé une partie de son enfance dans un camp de rééducation avec ses parents. En 1989, elle a participé au Mouvement des étudiants pour la démocratie qui s’est achevé de façon tragique sur la place Tien An Men. Émigrée en Grande-Bretagne, Diane Wei Liang vit à Londres avec son mari et ses enfants.
Présenté comme la première aventure d’une prometteuse « détective de légende », Le secret de Big Papa Wu n’a cependant pas grand-chose en commun avec les thrillers et autres romans policiers. On y suit plutôt les réminiscences et les réflexions de Wang Mei sur la Chine d’hier et d’aujourd’hui. Mais c’est justement en cela qu’il captive. À l’instar de plusieurs autres jeunes auteurs chinois, Diane Wei Liang offre, avec Le secret de Big Papa Wu, un portrait social critique mais non exempt d’amour profond pour son pays natal, qui plonge le lecteur dans l’effervescence du Beijing actuel.