Amadeus n’avait pas le choix de devenir Mozart, tant l’y prédestinaient son entourage et son don. De même, Alexandre ne pouvait naître qu’en Jardin, c’est-à-dire dans la démesure et l’excentricité jubilatoire.
C’est du moins ce que ce maître du romantisme naïf nous laisse croire avec une galerie de personnages (ou personnes ?) plus grands que nature. Tournant le dos aux sentiments « fleur bleue », l’écrivain dépeint férocement sa famille de fantasques créateurs dans ce roman dont on ne sait plus s’il en est vraiment un : en passant du triolisme des parents avec Claude Sautet à la bestialité et au sadomasochisme, le lecteur se sentira bien loin de Fanfan !
On n’ignore plus depuis la parution de ce roman-confession qu’Alexandre Jardin a quelque peu enjolivé les faits. Et même tant brodé au sujet de sa tribu qu’on ne sait plus où se termine la réalité et où commence la fiction.
Qu’importe ! Le plaisir que l’on prend à sa délicieuse prose, à ses envolées littéraires est intact. Pardonnons-lui donc toutes les errances puisque, comme Alexandre l’écrit lui-même, le moteur des Jardin est la quantité de rêves qu’ils produisent autour de leur histoire.