Même si on n’y retrouve pas des révélations spectaculaires, Le rapport de la CIA impose le respect. Car le livre est le fruit de la mise en commun des analyses des agents de la centrale de renseignements avec celles d’experts d’autres horizons.
Il s’en dégage des « certitudes relatives » et des « incertitudes clefs », que le rapport détaille en s’appuyant sur des preuves graphiques et des tableaux. La première certitude est que la mondialisation est irréversible. On assistera au cours des 15 prochaines années à un flux accéléré d’informations, de biens, de services, de migrations à travers les frontières nationales. Et, dans cette planète encore mieux interconnectée grâce à la propagation des technologies de l’information, la richesse individuelle va croître. On devrait, pour une bonne part d’entre nous, être plus riches de 50 % d’ici 2020.
Les grands gagnants de la mondialisation : la Chine et l’Inde, deux nouveaux acteurs majeurs d’une scène internationale sans conteste encore dominée par les États-Unis. Ces deux pays gagneront en puissance économique et politique pour deux raisons : ils intègrent les nouvelles technologies et s’y adaptent, au mieux. D’autres s’en tirent moins bien : c’est le cas de l’Afrique, à moins qu’elle n’adopte à plein les nouvelles technologies et en fasse le pilier de son décollage économique.
Contrairement à ce que l’on pourrait entrevoir, la mondialisation ne sera pas synonyme d’occidentalisation. Car les entreprises de pays émergents (Chine, Inde, mais aussi Brésil, Indonésie) atteindront un statut mondial, tout comme nombre d’ONG prônant des valeurs en porte-à-faux avec la croissance à tout prix.
La mondialisation alimentera toutefois l’insécurité, disent les auteurs, d’autant que la menace islamiste perdurera. C’est dire que les nations arabes resteront, par leur médiocre perspective économique et l’absence de liberté d’expression, des terreaux fertiles pour la propagation d’idées nihilistes chez les jeunes et de possibles actions terroristes. Malgré cela, l’avenir s’annonce rassurant en ce qui concerne la possibilité de grands conflits planétaires. « La probabilité de voir, au cours des quinze prochaines années, un grand conflit entre puissances dégénérer et provoquer une escalade vers une guerre totale n’a jamais été aussi faible, par rapport au siècle écoulé. »