C’est par la lecture de sa postface que la grandiose fresque cambodgienne de Paul Brunon, dont il y aura une ou plusieurs suite, prend son sens. Mais ce ne serait pas rendre hommage aux recherches de l’historien fait romancier que de se limiter à ces quelques pages.
Certes ce premier roman est long, parfois fastidieux à lire. Pis, il semblerait que l’auteur ait eu besoin de l’intrigue pour réussir un condensé historique d’Angkor, la magnifique cité cambodgienne qui, un millénaire durant, a conservé, enfouis, ses mystères. Mais il faut saluer le travail de Paul Brunon, qui a fait œuvre d’exégète, à partir de données lapidaires somme toute peu abondantes, et réussi l’entreprise colossale, à l’image des illustres décombres, de retracer les premières années de la vie de Jayavarman VII, considéré aujourd’hui encore comme le plus grand souverain du Cambodge. Disposant de peu d’éléments, mais animé d’une curiosité insatiable, Paul Brunon dresse un magnifique et vraisemblable portrait de la société, de la vie, des mœurs, des coutumes, de la politique dans la capitale du Cambodge, vers 1160.
Cette épopée sur fond historique où se mêlent guerres, luttes fratricides, razzias, prises de pouvoir fomentées depuis la cour des Chams (ennemi ancestral) est propice à l’ébauche de plusieurs autres récits du genre. Cette époque tourmentée, à la charnière entre la fin de la puissante influence des Hindous et la montée grandissante du bouddhisme, voit compromis l’équilibre entre les cultes qui dominaient la région d’Angkor : de Shiva, de Vishnu, de Bouddha. Mais l’aspect religieux des événements ne sera soulevé que dans un prochain volume.
Comme le mentionne l’auteur passionné, le programme de fouilles d’Angkor Thom, ville de Jayavarman VII, la seule cité angkorienne qui ait conservé ses remparts et la mieux connue aujourd’hui, offre un champ d’investigations prometteur. Paul Brunon tient un bon filon…