Le précédent ouvrage de Frédéric Bastien avait fourni une précieuse évaluation des relations France-Québec. Les faits étaient nets, les affirmations étayées, les coups de griffes mesurés. Malgré ses mérites, le nouvel ouvrage n’égale pas le « coup d’essai ».
Le vocabulaire souffre d’inflation. Certes, la France succombe rarement au complexe d’infériorité, mais parler de « messianisme français » est excessif. Coquilles et distractions déparent le bouquin. Saint-Bruno devient Saint-Briens, le consulat français de Québec naît en 1850 plutôt qu’en 1859, la Conférence des recteurs et principaux des universités du Québec (CRÉPUQ) devient le CRÉPUQ et regrouperait les « recteurs des établissements d’enseignement professionnel et des Universités du Québec ». On regrettera des expressions comme « un dénommé Laurent Fabius » ou « l’ineffable Pierre Pettigrew ». Ce n’est pas le lieu.
Frédéric Bastien, fort du succès mérité de son premier livre, passe ici à la vitesse supérieure, celle où les jugements de valeur s’ajoutent aux comptes rendus. Ce n’est pas un mal, à condition que les opinions soient mieux fondées que celles qui concernent Jean Charest ou Anne Légaré. Pour ces motifs, je préfère le chroniqueur à l’éditorialiste.