Le long roman de Donna Tartt débute par une scène éminemment tragique, que l’on racontera plus tard à la petite Harriet Cleve Dufresnes. Son frère Robin, âgé de neuf ans, a été trouvé mort dans des circonstances sordides. Même si elle l’a à peine connu – elle n’était qu’un bébé au moment du drame -, Harriet décide, à l’âge de 12 ans, de mener son enquête avec l’aide de ses grands-tantes et de son gentil copain Hely, afin de démasquer le coupable et de le punir. L’héroïne a grandi dans le deuil et l’absence de ce frère ; mais sa famille demeure réticente à évoquer ce souvenir obsédant pour le bon plaisir de la jeune détective en herbe.
Donna Tartt brosse un tableau assez sombre d’un monde d’adultes vu par une adolescente plongée dans un Mississipi antipathique : personnages malveillants, drogués ou dérangés, bigots répugnants et étranges amateurs de serpents. La romancière semble se complaire dans cette atmosphère morbide et déplaisante. Pourtant, le début du Petit copain contenait plusieurs éléments potentiellement féconds ; malheureusement, ils sont exploités de manière peu originale. L’intrigue se noie dans d’interminables descriptions et beaucoup de détours inutiles qui finissent par détruire le suspense. C’est long ! Le principal problème de ce roman surestimé réside dans le style : verbeux, inégal et la banalité du propos. Pourquoi parler de choses si futiles ? Au lieu de décrire platement l’ordinaire, les romanciers ne devraient-ils pas, par leur écriture, parvenir à le transfigurer ? Donna Tartt n’y arrive pas dans ce polar dilué, distillé. Un pavé qui laisse pourtant la voie ouverte à une éventuelle suite