Dieu n’est pas mort, loin s’en faut. Même si la modernisation de la société a généré matérialisme, rationalisme scientifique et rentabilité, l’homme persiste dans sa soif ardente de croire, socle fondateur du sens de sa vie. Et c’est dans la foi et par ses différents rituels personnalisés que l’Occidental comble, avec grande fébrilité, son incertitude de l’avenir. En se bricolant un dogme sur mesure hors de toute référence à un corps de croyances institutionnellement validé.
En effet, à l’aube d’un XXIe siècle religieux, l’église traditionnelle n’est plus le centre physique, spirituel et géographique du village. Désormais, l’adhésion croyante est une affaire privée, mieux, privatisée. Chacun se bâtit une sécurité de codes de sens « clés en main ».
La chrétienté a échoué à garder ses ouailles dans son giron et, paradoxalement, favorise l’actuelle multiplication des renouveaux religieux les plus hétéroclites. Une prolifération qui contribue à la formation d’identités sociales inédites, voire à l’émergence d’une société post-chrétienne. Avec, parfois, un retour au bercail de fidèles égarés.
Et qui mieux que le pèlerin et le converti figurent cette religiosité en mouvement. Les croyants, en demande de sens, circulent en quête d’une filiation religieuse qui ne leur inculque plus, dès le berceau, une vérité immuable et intransigeante, et qui ne les menace plus des feux de l’Enfer.
Mais cette désorganisation des églises institutionnelles a durablement déstabilisé la laïcité. Pourtant Danièle Hervieu-Léger prédit un rapprochement de coopération entre les religions séculaires et la République laïque. De façon à proposer d’autres références éthiques, à préserver une mémoire historique et à reconstruire un lien social déliquescent. Et accessoirement à se renforcer mutuellement.
En fin de compte, la sociologue prône un dialogue interreligieux et mise sur l’invention d’une instance médiatrice qui puisse être saisie des litiges sur les valeurs. Ou comment pénétrer les voies du Seigneur.