La parution d’un nouveau texte de Michel Marc Bouchard est un peu comme l’arrivée des vins nouveaux : ça n’excite ni n’intéresse tout le monde, mais ceux qui les ont aimés, par le passé, les attendent avec trépidation. C’est que l’auteur des Feluettes, des Muses orphelines, des Grandes chaleurs et de plus d’une douzaine d’autres textes dramatiques occupe une place enviable dans la dramaturgie québécoise, entre l’ombre du géant Michel Tremblay et la quasi hégémonie d’un théâtre technologique. Michel Marc Bouchard, avec la parution du Peintre des madones, prouve encore une fois son immense talent de créateur d’ambiances complexes, charnelles et envoûtantes, portées par un texte solide que la beauté et la musicalité invitent à la scène.
À la fin de la Première Guerre mondiale, dans un village étrangement situé entre le lac St-Jean et l’Italie, un curé commande une fresque dédiée à la Madone avec l’espoir d’éviter l’épidémie de grippe espagnole qui menace sa paroisse. L’arrivée du peintre invité, tout comme la fresque qu’il réalisera, affecteront l’ensemble des personnages. Imprévisible et symbolique sera le destin de cette communauté.
Encore une fois le dramaturge met en scène un univers chargé d’une sensualité inavouée, parfois inavouable, rarement consommée à sa juste mesure. Un filtre, un voile, une brume stagnante enveloppent et ralentissent tout et nous permettent d’être témoin du processus de création qui transforme des êtres de chair en œuvres d’art. Certainement l’un des meilleurs textes de Michel Marc Bouchard !
La pièce sera jouée à Québec à la Salle Albert-Rousseau les 8 et 9 février 2005.