L’excellente metteure en scène Martine Beaulne explique dans Le passeur d’âmes la relation qu’elle entretient avec son art. Comment elle est venue à ce métier, comment il l’a transformée. Pour Martine Beaulne, l’unité organique s’érige en idéal : texte, acteurs et spectateurs doivent ne faire qu’un. Pour renforcer les liens entre les composantes d’une pièce donnée, Martine Beaulne favorise l’intimité au sein de sa troupe, s’assure que les personnages portent des vêtements plutôt que des costumes, mais surtout, fait en sorte de pouvoir se reconnaître dans les pièces qu’elle met en scène. Si les spectateurs doivent s’identifier aux personnages, elle croit devoir se laisser phagocyter par l’œuvre.
Si les mises en scène de Martine Beaulne sont monolithiques, on ne peut pas en dire autant de l’ouvrage qu’elle nous sert aujourd’hui. Un premier chapitre à saveur autobiographique est suivi de quatre chapitres portant sur les mises en scène qu’elle considère les plus représentatives de son parcours : L’arbre des tropiques, Don Juan, La Locandiera et Albertine, en cinq temps. Malheureusement, la principale vertu de ce livre est d’ordre soporifique. Parfois trop technique ou trop général, il ne sait pas transporter le lecteur. Aussi, une surenchère de conjonctions (16 et dans une page choisie au hasard) alourdit considérablement le texte.
Citations, photos, réflexions introspectives : l’ouvrage est une valise de 200 pages que l’auteure a bourrée à la hâte, sans doute pour entreprendre plus vite un nouveau voyage, une nouvelle mise en scène. Continuez à voyager et à nous faire voyager dans votre imaginaire, Mme Beaulne, mais de grâce, tenez-vous-en au théâtre !