Aux États-Unis, ce sont plus souvent les producteurs qui sont les vedettes du cinéma, bien que dans les années soixante-dix, une poignée de réalisateurs soient devenus rois pour un temps. C’est leur épopée que raconte Peter Biskind dans son livre-somme, Le nouvel Hollywood, publié par Le cherche midi éditeur.
Dans son essai, l’auteur raconte l’ascension de toute une génération de jeunes metteurs en scène tels Francis Coppola, Martin Scorcese, Peter Bogdanovitch, Robert Altman, Steven Spielberg, et d’acteurs encore inconnus, on pense à Robert de Niro, Al Pacino ou encore Jack Nicholson. Tout commence en 1969 avec le succès inattendu du film de Denis Hopper et Peter Fonda, Easy rider, un film de bikers à petit budget. Un nouvel Hollywood est né.
Ces réalisateurs profitent de l’intérêt du public pour imposer leur style et leur indépendance. En quelques années, ils deviennent les nouveaux maîtres d’Hollywood et réalisent des films emblématiques tels que Le Parrain, Taxi driver, La dernière séance, La dernière corvée ou encore Les Dents de la mer, L’Exorciste, Apocalypse Now.
L’ouvrage de Peter Biskind retrace, en suivant la genèse des films et des luttes contre l’establishment, l’épopée d’une génération de jeunes réalisateurs ambitieux à laquelle on a associé l’emblématique formule « sex, drugs and rock’n roll ». Nous découvrons les personnages ‘ réalisateurs, acteurs, scénaristes ‘ dans leur intimité, nous apprenons tout de la névroses des uns, des angoisses des autres, de leur folie à tous, nous vivons leurs amours et leurs désenchantements presqu’au quotidien.
Cependant le livre ne tombe jamais dans le voyeurisme, bien au contraire. Nous découvrons que la grandeur de ces êtres bourrés de talent est inhérente à leurs plus grandes faiblesses et à leurs failles les plus profondes. Peter Biskind a mené des centaines d’heures d’entretiens avec les producteurs, les agents, les scénaristes, les amis, les épouses ou les amantes, tous les protagonistes liés à cette grande aventure. Riche d’anecdotes, l’ouvrage révèle comment la génération de la contre-culture a pris le contrôle d’Hollywood à la fin des années soixante, permettant aux réalisateurs de régner en maîtres. Il nous montre aussi comment, à force d’excès, elle a perdu ce qu’elle avait acquis, faisant la joie, dans les années 1980, des cadres des studios qui en profitèrent pour reprendre le pouvoir.
Cette somme témoigne avec éloquence d’une poignée de réalisateurs qui ont fait des films personnels, véritables charges contre l’Amérique bien pensante et le manichéisme traditionnel. Un livre passionnant qui se lit comme un roman avec ses personnages hors normes et des situations souvent rocambolesques. Un vrai plaisir.