Le voyage qu’ont planifié Suzanne, l’architecte, et Karl, archéologue et anthropologue, n’aura pas lieu. Ils auront plutôt droit, presque toujours contre leur gré, parfois en y trouvant leur compte, à une immersion hallucinée dans tout ce que le sexe peut offrir et, comme Pic de la Mirandole, dans quelques autres divertissements encore. Cartésiens s’abstenir.
Le roman de Landry proteste, sectes indiennes réelles ou imaginaires à l’appui, contre nos cultures pudibondes, vertueusement silencieuses sur ce que le fond de l’être peut rêver et sur ce que peut-être il veut en prétendant le subir. Comme Landry écrit de façon claire même à propos du monde enfoui des instincts et des masochismes, c’est à une sorte de Divine Comédie à rebours que l’on a droit. Les cercles de Dante sont remplacés par des étages matelassés, les récompenses et les punitions dues aux âmes des élus et des pécheurs frappent Suzanne et Karl sans qu’ils aient commis la moindre faute ou mérité le plus fragile éloge, tout s’enchaîne comme s’il fallait tout simplement que rien ne subsiste de la prétention humaine à la liberté des choix.
François Landry en choquera plus d’un. D’autres diront ou ne diront pas, c’est selon, que la plume (ou l’ordinateur) a le droit de raconter ces cauchemars incandescents que nous accusons le sommeil d’inventer à notre insu. On imputera, c’est selon, le parcours que raconte Landry à l’Inde ou aux tréfonds humains. Landry s’en moquera probablement.