On en parle, on en parle, mais dans les faits, on est collectivement déficient. Le Québec n’est pas vert, on n’a qu’à admirer les réactions irresponsables des gens lorsqu’on commence à évoquer, ne serait-ce qu’à titre de possibilités écologiques, certaines directives (tri sélectif, transports en commun, etc.). Le réflexe est primaire : on ne touche pas à mon Vu, encore moins à ma facture d’Hydro, mon gazon doit être vert fluo l’été, pis, vive les dépotoirs, on est un grand pays, alors après nous le déluge !
Alors que l’expression fourre-tout de « développement durable » est de tous les cocktails et se hisse dans les meilleurs paragraphes des rapports annuels de sociétés au gros chiffre d’affaires, le Québec se classe au huitième rang des plus grands gaspilleurs de ressources de la planète. Bref, ce que démontre non sans ironie ce livre, c’est que si le monde entier suivait le mode de vie des Québécois, il n’y aurait pas assez de trois planètes Terre pour suffire aux besoins gargantuesques des gens.
Au passage, François Cardinal a le mérite de distribuer également les coups de griffe. Le consommateur québécois n’est pas un parangon de la vertu environnementale parce qu’il est lobotomisé par la pensée unique des écologistes. Qu’on ne s’y trompe pas, la responsabilité est certes individuelle, mais la culpabilité, elle, se niche dans le système. Le laxisme des uns participe au gaspillage des industries qui ne sentent aucune pression pour faire mieux.
Les Québécois aiment s’entendre parler d’environnement, ils en redemandent même, mais c’est quand ils le veulent : parlons de régime mais surtout ne cessons pas de malbouffer. L’engouement spectaculaire pour dame nature ne provient que de notre mauvaise conscience, de notre inertie et de ce je-ne-sais-quoi de fin du monde qui nous fait trembler de plaisir dans nos maisons surchauffées.
Le déficit écologique se transforme en dette écologique, ce n’est pas grave, d’autres que nous écoperont !