Le mort qu’il faut tient à la fois du souvenir et du témoignage, à travers l’évocation de la vie de l’auteur, alors très jeune, pendant cette période très visitée de la Résistance, avec en arrière-fond la vie dans un camp de concentration. Le récit tient sur le fil ténu et continuellement rompu et renoué d’un changement d’identité ( qui n’aura pas lieu ), pour éviter une menace fondée sur un quiproquo.
L’auteur nous raconte sa vie à Buchenwald au milieu d’autres détenus, communistes pour la plupart, qui se regroupent selon leur nationalité ou leur engagement politique, les latrines collectives nauséabondes devenant leur seul lieu sûr de rencontres et d’échanges. Parmi les mille détails sur leurs conditions de vie, la plus pénible paraît avoir été l’inéluctable promiscuité de tous les instants.
Envers tragique de cette saga héroïque : plusieurs des communistes qui s’étaient activés à conspirer pour aider leurs camarades dans les camps nazis se sont retrouvés après la guerre dans les camps soviétiques, cette fois, pour avoir agi sans s’être dans chaque cas référés à l’ombrageuse direction du parti. Comme quoi, en politique, on est toujours le suspect de quelqu’un.