Que serait le monde sans les enfants ? C’est la question à laquelle répond Philippe Claudel dans le premier conte de son recueil Le monde sans les enfants et autres histoires. Sa vision y est dramatique : un univers gris, sans rires, sans vie. Sans magie. Heureusement, dans les dix-neuf autres récits de son œuvre, non seulement les enfants sont de retour, mais ils y sont rois.
Poèmes, histoires drôles, un peu tristes ou même philosophiques, le recueil en a pour tous les goûts. En outre, l’auteur s’amuse autant avec les genres qu’avec le langage : ses histoires regorgent de métaphores, d’allitérations et de rimes. Le vocabulaire, bien que simple, contient quelques mots plus recherchés, mais si jolis, que les enfants voudront qu’on leur explique.
Mais attention, les contes de Philippe Claudel ne sont pas des contes classiques et stéréotypés. Au contraire ! Très modernes, ils mettent en scène une fée au chômage qui n’impressionne plus personne, un grand-papa aux histoires un peu vieillottes, des télévisions qui rendent idiot et même des cartables d’école en mal de liberté. Cette originalité, présentée avec beaucoup de dynamisme, plaira aux parents qui en ont assez de lire Cendrillon et Blanche-Neige à leurs enfants.
Certains récits sont même socialement engagés. La guerre, la pauvreté, la violence psychologique et la société de consommation sont vécus et décrits par des tout-petits. Cependant, ces histoires semblent parfois un peu trop crues pour des enfants (jambes coupées, bombes cachées dans les voitures, hommes mutilés, etc.). De cette façon, Philippe Claudel désire peut-être montrer aux enfants que la vie n’est pas toujours merveilleuse et magique ; mais il faudrait y penser à deux fois avant de lire certains passages de ce recueil aux plus jeunes.
Le monde sans les enfants et autres histoires plaira autant aux enfants qu’aux adultes pour son originalité, sa magie et pour la magnifique plume de l’auteur. Les contes charmants émerveilleront l’enfant qui se cache en l’adulte, alors que les contes engagés provoqueront la réflexion de l’adulte qui, souvent, oublie qu’il a déjà été enfant.