Le métro d’une ville peut sûrement contribuer à son image et au sentiment d’appartenance de ses citoyens. Il suffit de penser à certains métros célèbres, comme ceux de Paris, Londres ou New York. L’ouvrage de Benoît Clairoux est une réussite à maints égards : il retrace l’historique du métro de Montréal et décrit en mots et en photos toutes les 65 stations du réseau. La conception du métro de Montréal est assez originale en soi, puisque chaque station a été conçue par un architecte différent, ce qui implique que rien n’est monotone dans ce système.
Le métro de Montréal, 35 ans déjà est un livre inégalé parmi les ouvrages d’histoire industrielle du Québec. Les parties les plus intéressantes sont certainement celles sur la construction du métro, avec des plans des différents tracés envisagés (parfois assez différents de ceux réellement effectués), et certaines photos des rues excavées et des tunnels inachevés du Centre-ville de Montréal. En outre, son dictionnaire des 65 stations est méticuleux et insiste sur la présentation des œuvres d’art (vitraux, murales, sculptures) qui y ont été créées par une multitude d’artistes. Même ses tableaux peuvent nous passionner : la liste des noms provisoires de certaines stations de métro dont l’appellation a changé, les différents plans de métro, les projets de station abandonnées, la liste des métros dans le monde.
Il n’est pas nécessaire d’habiter la métropole pour apprécier le remarquable livre de l’historien Benoît Clairoux (d’autant plus que les agrandissements du métro montréalais sont défrayés depuis 1979 par l’ensemble des Québécois). Il s’agit possiblement du seul livre encore disponible en librairie et destiné au grand public qui soit consacré au métro montréalais, alors que plusieurs ouvrages comparables avaient été publiés à propos du métro parisien, dont le très beau Fulgence Bienvenüe et la construction du Métropolitain de Paris (Presses de l’École nationale des Ponts et Chaussées, 1998) de Claude Berton et d’Alexandre Ossadzow.