Comme tous les genres populaires, le roman policier subit régulièrement des mutations importantes et voit naître des sous-genres qui, tout en intégrant les éléments de base de la formule (crime, enquête, résolution), en présentent de nouvelles facettes : c’est la cas du polar historique qui associe étroitement les règles du genre avec celles du roman historique. Depuis quelques années, le polar historique a connu un développement foudroyant et cela dans tous les pays. Dans Le masque de la bête, l’action se passe au Moyen Âge et la couverture du livre annonce bien plus un roman de chevalerie mâtiné de fantastique qu’un polar.
Le personnage principal de ce récit d’aventures se nomme Thibault, un jeune écuyer qui a usurpé la place de son maître, le chevalier Jehan de Kermarec, tué par des brigands. Associé malgré lui à une étrange troupe de brigands-paladins-troubadours, il arrive à Monconcour, un village breton où se produisent d’étranges et sanglants événements : une créature infernale, que les villageois nomment « La Bête », décapite ses victimes et leur dresse des sépultures immondes. Il faut démasquer le monstre qui frappe encore et encore ! Thibault, qui vit dans la hantise d’être découvert comme imposteur (il risque la mort) sera mêlé à toutes sortes de péripéties insolites et de dangers mortels. On le provoquera en duel et surtout, il devra affronter le seigneur Conan, un colosse redoutable, maître du village, qui est revenu des Croisades avec d’étranges et effrayantes habitudes. Serait-il la Bête ?
L’auteur sait ménager le suspense, dose ses effets et reconstitue une période sombre de l’Histoire, riche en superstitions et supplices de tous genres. Il sait mêler habilement les éléments historiques et les rebondissements d’une affaire mystérieuse : fausses pistes, suspects potentiels, attentats, etc. On ne s’ennuie jamais car le rythme est soutenu et les surprises nombreuses.
Jean-Luc Bizien dédie son livre à Serge Brussolo, auteur versatile s’il en est, dont on peut sentir l’influence, notamment dans le flirt avec le fantastique, le caractère cruel de certaines scènes insoutenables, l’érotisme omniprésent et la galerie de personnages bizarres, voire monstrueux, qui paradent dans ce récit coloré.