Linguistes et littéraires se penchent, dans l’ouvrage collectif dirigé par Marty Laforest, sur la question du malentendu.
Les linguistes, citant les mêmes sources, définissent le malentendu, en commentent l’organisation séquentielle, ce qui entraîne évidemment certains recoupements entre les textes. Aussi, la contribution de chaque article vient-elle plutôt de l’examen d’un élément précis : Alain Trognon analyse les actions qui fondent le malentendu afin de montrer qu’elles reposent sur des propriétés de l’interlocution ; Renata Galatolo s’intéresse au malentendu dans un contexte communicatif conflictuel ; Véronique Traverso et Martina Drescher l’analysent dans le cadre de la conversation familière, la seconde mettant l’accent sur ses « conséquences affectives » ; Diane Vincent, Denise Deshaies et Guylaine Martel étudient plutôt comment un locuteur gère la conversation lorsqu’il produit un énoncé qui pourrait donner lieu à un malentendu ; enfin, Laurent Perrin aborde la question sous l’angle de la production d’énoncés qui visent à susciter un malentendu, notamment l’ironie.
Les littéraires, pour leur part, ont une approche plus éclectique. La structure même du malentendu peut laisser croire qu’il n’existe que dans un contexte conversationnel. Les auteurs démontrent qu’au contraire il peut aussi se trouver en littérature. Ainsi, l’œuvre littéraire peut mimer la conversation, soit en mettant en scène des personnages qui discutent, soit en adoptant une forme épistolaire. C’est cette forme particulière qu’analyse Robert Dion en se penchant sur la correspondance de Jean-Jacques Rousseau et de Franz Kafka. Le malentendu peut aussi être voulu, comme dans l’ironie, ou dans le badinage notamment, une forme de ce que Marc-André Bernier appelle le « malentendu ingénieux ». Par ailleurs, le malentendu est omniprésent dans la communication interculturelle, ce que démontre Hans-Jürgen Lüsebrink en se penchant sur un texte de Marcel Raymond et un roman de Jean Éthier-Blais. Enfin, le malentendu peut être un fait de lecture : Jean Valenti étudie le désaccord interprétatif qui fonde la réception de l’œuvre de Samuel Beckett alors que Richard Saint-Gelais aborde cette question sous l’angle du lecteur piégé par un texte qui l’entraîne sur la piste d’une « fausse » interprétation.