Le journaliste Normand Lester publie le troisième tome de son Livre noir du Canada anglais, qui dénonçait déjà, dans les tomes précédents, des propos racistes contre les Québécois, les francophones et « les séparatistes », véhiculés par les journaux les plus diffusés du Canada : The Gazette, Financial Post, Ottawa Sun, National Post. Dans ce meilleur livre de la série, Normand Lester s’intéresse aux répercussions internationales de cette attitude, en analysant le fameux reportage du respecté National Geographic, un article chargé des préjugés les plus odieux envers le Québec, décrit comme un lieu de persécution pour les anglophones.
Plus loin, il analyse certaines études opposées au Québec, publiées non pas par des chroniqueurs ignorants et bornés, mais par des universitaires canadiens, portant sur un présumé « sentiment de persécution » collective des séparatistes québécois. Petite consolation, on y trouve aussi des réflexions d’universitaires plus rigoureux, comme Kenneth McRoberts, qui ont mieux compris la situation du Québec au sein de la confédération. Celui-ci explique que la politique canadienne de multiculturalisme ne serait qu’un mythe, un slogan lancé dès les années 1970 afin de noyer les aspirations des francophones canadiens au milieu des revendications – légitimes et sincères – de toutes les minorités face au groupe anglophone, à la fois majoritaire et intégrateur.
Ce Livre noir du Canada anglais questionne l’idée de citoyenneté. Le racisme est un phénomène inacceptable, mais on constate malheureusement que d’autres formes de mépris sont apparues et passent souvent inaperçues.
Il n’est pas indispensable d’avoir lu les premiers tomes pour apprécier le troisième, mais la lecture de l’un rend celle des autres indispensable.