Déjà à son époque (et plus encore aujourd’hui), le journaliste Charles Fort représentait à lui seul la plus rocambolesque des curiosités issues du paranormal. Cet infatigable collectionneur de faits divers insolites – il cite plus de quarante mille sources écrites – colligeait tout renseignement concernant l’existence des fées, pluies de batraciens et autres créations de lilliputiens.
Lorsque l’on apprend que Fort se livra à ce monumental travail de recherche au début du vingtième siècle, bien avant la venue d’Internet, un vertige nous saisit en imaginant ce qu’il aurait pu commettre avec l’accès planétaire offert par le Web.
La réédition de son œuvre publiée pour la première fois en 1919 était-elle nécessaire ? Car si s’avère louable l’intention de Fort de réhabiliter les « damnés », c’est-à-dire les phénomènes paranormaux écartés parfois un peu trop rapidement par le dogme scientifique en vigueur, ses méthodes le sont moins. Taxant la science de mauvaise foi, réduisant ses théories à des sornettes et ses grands hommes à des fous délirants, le journaliste se prête ensuite aux élucubrations les plus farfelues : un clou découvert à l’intérieur d’une roche devient un outil échappé sur Terre par un menuisier céleste Nul doute, nul soupçon de canular n’effleure jamais l’esprit de l’auteur qui, d’associations d’idées saugrenues en sous-entendus pernicieux, glisse vers les explications dignes du meilleur scénario de science-fiction.
Tout lecteur autoproclamé spécialiste en théorie du complot, grand sorcier de la confrérie des hommes bleus ou cryptozoologiste des poissons en averse trouvera son compte dans cet essai.
Pour le commun des mortels, Charles Fort et son œuvre représentent au mieux un intéressant sujet d’étude épistémologique, sinon un fou rire garanti.