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Mode lecture zen

NUIT BLANCHE

Né à Varsovie mais émigré en France à l’âge de quatorze ans, Marek Halter est l’auteur d’une dizaine de romans, tous investis par un judaïsme dont il rend compte le plus simplement du monde dans Le judaïsme raconté à mes filleuls . Le lecteur y trouve moins un livre historique que l’expérience et l’enseignement d’une éthique.

Aux yeux de l’auteur, le judaïsme est l’incarnation par excellence de la devise républicaine française, à la condition toutefois que les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité soient investies par un souci moral qui les articule dans le respect de la Loi (le Décalogue). À travers les figures d’Ezra (dans le Talmud), d’Abraham et surtout de Moïse, l’auteur nous dit comment la Loi fixe « le respect et l’amour de l’autre » en proposant une règle de vie qui fait que « l’obéissance et la désobéissance sont des responsabilités à assumer et non pas des soumissions à plus fort et plus puissant que soi ». L’homme est ainsi responsable, c’est-à-dire qu’il doit savoir trouver « la volonté de vouloir le bien ». Au cœur de cet existentialisme religieux, il accorde la première place à l’étude, à la transmission écrite du savoir judaïque, garante de la Mémoire identitaire : « […] l’étude des textes et le développement de la pensée sont les indispensables tuteurs de l’homme et le libre enrichissement de son identité. Mais études et pensées ne sont fécondes que lorsqu’elles tendent à davantage d’union, de communauté, d’humanité…». Riche de ses écrits, de l’enseignement qu’il prodigue ici, de la parole dont il est porteur — car au commencement était le Verbe —, Halter prend à son tour le relais d’une histoire qui dure depuis plus de quatre mille ans : « Désormais, vous l’avez compris, j’appartiens à l’antique tradition de la parole de l’Histoire. »

Voilà malgré tout un ouvrage sans prétention, bien fait, facile d’accès, qui rend compte avec efficacité du dépouillement d’un certain savoir. Certes, l’interprétation que fait Marek Halter des textes sacrés est partiale, il ne s’embarrasse pas trop de nuances et n’évite pas de prendre des raccourcis pour aller à l’essentiel. Mais après tout, il n’avait d’autre but, en léguant un héritage spirituel qui vient étayer sa production romanesque, que de raconter « de la manière la plus simple et la plus légère » pourquoi il « se considère comme juif ». Sur ce plan, il n’y a rien à redire.

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