En tant que thérapeute, je travaille depuis plusieurs années avec des personnes atteintes de maladie grave et souvent mortelle. Plusieurs sont aujourd’hui décédées et chacune m’a appris quelque chose de la vie, de moi. C’est pourquoi je suis toujours intéressé par leurs témoignages, sous quelque forme qu’elles les présentent. Pourquoi ? Parce que j’apprends comment cette personne a réussi à guérir. Car il n’y a pas de recette miracle. Au moment de lire l’ouvrage d’Yvon Laverdière, je sortais par exemple d’un autre, d’un certain Alain Amzallag, parlant, lui, de sa lutte contre sa maniaco-dépression et son cancer. L’abord était entièrement différent, pas parce que sa maladie n’était pas la même, mais parce qu’il s’agit d’un autre sujet humain, avec ses expériences propres, intensément et irrémédiablement singulières.
Yvon Laverdière veut offrir aux personnes souffrant d’une maladie ou traumatisées « des outils de survie » et « une occasion d’éveil ». Dans son cas, comme dans bien d’autres, le choc a été particulièrement brutal. Après des années dans le milieu du livre, il se lance avec succès dans la rédaction publicitaire et la traduction. Il ne ménage ni l’alcool ni la drogue, voyage avec frénésie jusqu’au moment où, en vacances au Brésil, ça ne fonctionne plus. Il a 42 ans et des vieux démons le hantent. Revenant d’urgence au Québec, on lui découvre une tumeur inopérable au cerveau. Le pronostic est sombre : 5 % des gens atteints en survivent. Laverdière fera partie de ceux-là. Il décide avec intelligence de tirer le meilleur profit de la médecine, mais d’ouvrir aussi son espace intérieur pour retrouver la fluidité nécessaire à faire mieux fonctionner ses processus de guérison. Et ça marche…
Évidemment, du point de vue de l’intégrisme rationaliste, on se rira peut-être de certaines formules de l’auteur, qui nous plongent dans le bric-à-brac new-age : l’intuition est « le souvenir de l’Être dans le long couloir de la mémoire ». Et pourtant , nous ne sommes pas si loin des sages bouddhistes et de certains grands philosophes occidentaux. De même, on pourra se gausser de son intérêt pour le modèle holographique appliqué par Karl Pribram aux processus cérébraux. Et pourtant , je sais pour avoir vu bien des gens passer à travers, que ce modèle éclaire de fait quelque chose du réel de l’être humain. La force d’Yvon Laverdière est la sienne. Est-ce qu’elle peut servir à d’autres ? Incontestablement oui. Même s’il cède souvent à l’exposé de recettes, les propos de l’homme, sans remplacer les soins professionnels, aident à entrer en dialogue avec les autres et avec soi-même.