Douze histoires, qui se déroulent sur différents plans, dans des tourbillons de vents, de nuages, de pluie et de soleil ; des personnages qui détectent la présence d’intrus en provenance de l’espace avec qui ils ne peuvent établir de contact, car ils ne parlent pas le même langage ; peu à peu ceux-ci vont se désagréger et disparaître ; une vie qui se raconte aussi après la mort, quand on s’envole au-delà de la terre, dans les galaxies. Plutôt que de littérature fantastique, je suis tentée de qualifier ce premier livre de Daniel Paradis de porte ouverte vers la littérature de demain. L’auteur fait ses premiers pas dans un univers au-delà des frontières de notre galaxie, cosmos en extension dont on ignore les limites, même si les écrits d’Hubert Reeves le font connaître. Ce sont des pas encore hésitants et notre imagination a parfois de la difficulté à suivre. Il faudra pousser plus loin la découverte de telles réalités et inventer une écriture qui puisse en rendre compte. Ici, Daniel Paradis a fusionné le poétique, le narratif, le descriptif dans une forme qui étonne souvent. On sent des ombres, on perçoit des frôlements, on entend des voix inconnues, on croit voir des silhouettes mentales invisibles. Une histoire parle de miroirs, dans lesquels un être nous regarde et, si nous quittons la pièce, il nous suit. Ailleurs, la population de tout un village traverse la mort après s’être désaltérée à une fontaine dont l’eau a été empoisonnée. Dans un affrontement, Alex est blessé au front, le sang est rouge ; celui de son adversaire coule du ventre, il est brun.
Au douzième et dernier texte, je rends les armes, je ne suis plus capable de suivre l’auteur, je ne comprends plus ces personnages qui sont déjà rendus ailleurs. César manipule des cartes devant Raoul qui reste bouche bée. « Elles [ces cartes] disent : Excusez cet homme. Pardonnez-lui d’avoir aimé, vécu, souffert et vieilli. Et d’avoir peur de le montrer. […] Le grand soupir plaqué sur la table reprend sa forme première. L’araignée oscille au bout du fil. Le mouvement s’empare à nouveau de l’univers. » On referme le livre et l’on se laisse emporter dans le rêve, alors qu’un vent d’étoiles se lève dans le ciel !