Usurpation d’identité et goujateries agrémentées de quelques péchés capiteux ! Le dernier Amélie Nothomb met en scène Baptiste Bordave, drôle de zigoto, et Sigrid, ancienne junkie famélique métamorphosée en femme oisive, naïve et anorexique par feu monsieur Olaf Sildur, richissime de son état. On aura bien évidemment compris que l’usurpateur, c’est Baptiste, un quidam aux passions inassouvies, et que l’usurpé, c’est Olaf, puisqu’il a tous les moyens de pimenter une vie sans saveur. Or jamais Baptiste Bordave n’aurait pensé à endosser l’identité d’un autre si cet autre n’avait eu l’idée pour le moins importune de venir expirer à ses pieds : « [ ] ce cadavre m’appartenait. La seule vraie découverte que j’avais effectuée dans ma vie, c’était le trépas de ce type ».
Le Robert définit le « fait du prince » comme un acte de pouvoir qui contraint à l’obéissance. Nothomb en aura modifié quelque peu le sens puisque ici le « nouveau prince » se libérera par ses excès, champagne oblige ! L’imagination débordante de l’auteure nous en met – encore ! – plein la vue avec cette cocasse histoire de scélérat princier. Extravagant à souhait mais pauvre en rebondissements, Le fait du prince est un récit longuet en dépit de la minceur du livre. Nothomb a dû s’amuser ferme à concocter cette historiette mais encore davantage à imaginer la tête de ses lecteurs qui l’avaleront tout rond en un temps record !
Le fait du prince, plaquette qu’on croque en deux bouchées, saura satisfaire les grands lecteurs de la diva : du Nothomb pur jus ! Les autres, restés sur leur appétit, passeront à quelque chose de plus substantiel.