Auteur d’une première œuvre de fiction avec Le dzi, Pierre Popovic n’en est cependant pas à sa première publication. Le professeur de littérature de l’Université de Montréal a signé et cosigné plusieurs essais depuis la décennie 1990, et participé à maints ouvrages collectifs. Les trois nouvelles que compte Le dzi portent la marque d’un conteur et écrivain confirmé. L’écriture de Popovic se déploie avec l’énergie, la souplesse et la légèreté que l’auteur prête à ses personnages, et confère aux situations auxquelles ils font face un caractère singulier. Car mises à plat, les histoires des trois nouvelles pourraient se comparer à bien d’autres. Mais Popovic maîtrise l’art de raconter, dans un style pétillant et spirituel. Y contribuent ses emprunts à différentes langues régionales de la francophonie, dont le mot dzi, du wallon, qui désigne un petit lézard rapide comme l’éclair.
La nouvelle qui donne son titre au recueil raconte l’histoire de Vincent, surnommé « Le dzi », en raison de sa qualité de buteur vedette du pays. Le Pierrot de « La procession », lui, est toujours au pas de course, pour rien, simplement comme s’il avait des fourmis dans les jambes. Un dzi à sa façon. Quant à Rita de « La Main », si elle ne court pas, « elle a la main », c’est-à-dire la poigne d’une guérisseuse un peu charlatan et la vivacité du lézard. Une femme de caractère, avant que ne survienne la désillusion.
Les récits nous ramènent dans le passé : à l’époque révolue de l’enfance sensuelle et innocente du Pierrot de « La procession », des exploits du Dzi, l’adolescent naïf et meilleur compteur au football du pays, et des années d’engagement de l’originale Rita de « La Main ». Chez chacun, cependant, se produit une cassure ; leurs yeux se dessillent devant une quelconque forme d’exploitation, entraînant des conséquences plus ou moins graves selon leur situation respective.
Pierre Popovic, auteur au verbe inventif et spirituel, s’avère un fin observateur des travers et des ridicules humains. On pourra lire de lui un court texte inédit sur le site de création littéraire des étudiants en littérature de l’Université de Montréal, une lettre à la manière des Lettres persanes de Montesquieu qui s’intitule « Un monarcoplatal, ou La ligne de flottaison », monarcoplatal désignant l’habitant du Plateau Mont-Royal