Le livre découle d’une longue recherche – que je trouve originale et nécessaire – sur les paradoxes de l’industrie du disque au Québec et dans le monde. Comment l’industrie du disque a-t-elle évolué durant les dernières années ? Au moment où paraît aux Presses de l’Université Laval une précieuse Histoire de l’enregistrement sonore au Québec (2003), Alain Brunet pose un regard plus proche de l’analyse économique sur la monstrueuse industrie de la musique et analyse finement les phénomènes de distribution, de convergence, de piratage qui la caractérisent aujourd’hui. Depuis deux décennies, le mercantilisme amenuise l’importance de l’inspiration dans cette forme de culture de masse, où la quantité des exemplaires est devenue démesurée : il suffit de se rendre chez un disquaire pour le constater. L’avènement du CD explique en partie ce phénomène de standardisation, avec la mondialisation et la volonté des compagnies de créer des mégaphénomènes autour de valeurs sûres plutôt que d’offrir une série de productions diversifiées. Autre problème, la visibilité n’est plus un signe de qualité ou d’originalité ; elle résulte simplement d’un plus gros budget promotionnel. Comme l’indique un expert du milieu du disque, choisir les meilleurs vendeurs coûte moins cher ; ce sont d’ailleurs les seuls disques à se retrouver dans les magasins à grande surface, où l’on offre peu de choix, mais en un très grand nombre d’exemplaires. Malgré tout, le Québec tire son épingle du jeu, et l’auteur ne manque pas de le souligner, tout en décochant au passage quelques flèches injustement méprisantes envers Céline Dion et Star Académie.
Le disque ne tourne pas rond contient de nombreux témoignages de gens de l’industrie, si révélateurs qu’ils pourront certainement alimenter d’autres recherches en sociologie de la musique et des industries culturelles.