Du jour au lendemain, Martin Benoît – un Français qui enseigne la littérature au Glendon College, en Pennsylvanie – devient une menace pour la sécurité des États-Unis. Ses analyses de différentes sociétés prouvent, sans qu’il l’ait voulu, que les États arabes sont plus stables que la société américaine. Après la visite d’un agent des services secrets, il décide de s’enfuir au Canada…
Dans le passé, il a eu une relation (peu mémorable) avec Laetitia, une activiste écologique, qui depuis est partie travailler en Afghanistan pour une ONG fondée par Pierre-Maurice, une « petite crapule » faisant affaire, entre autres, avec mollah Morghad… Les destins de ces quatre personnes se croisent et même si on croit certaines rencontres peu importantes, elles peuvent se révéler fatales pour l’avenir des protagonistes.
Décidément, Le dilemme du prisonnier aborde des thèmes actuels (on y trouve même un exemple d’accommodement raisonnable !), sa composition est intéressante et la fin, excellente. Le livre souffre pourtant de quelques défauts ; le plus grand est sans doute la façon dont l’auteur présente ses personnages : on a l’impression de lire un reportage où les scènes marquantes de leur vie défilent rapidement, simplement énumérées. Aucune identification possible entre le lecteur et ces individus, pas de sympathie ou d’antipathie – ils sont si loin, si peu… vivants. On suit leurs (més)aventures, on rit, mais on n’est jamais touché par ce qui se passe dans leur univers, on ne se demande pas comment va finir une rencontre qui a, dès le début, mal tourné : on les accompagne et c’est tout. Plusieurs passages théoriques, bien qu’ils ne soient pas difficiles à comprendre, peuvent, eux aussi, rebuter les lecteurs.
Il serait injuste de parler uniquement de défauts ; c’est aussi un livre qui tourne en ridicule un bon nombre d’obsessions et de pratiques de notre temps, un livre intelligent, écrit avec un plaisir visible. Si ce n’est pas un chef-d’œuvre, Le dilemme du prisonnier est toutefois un bon premier roman.