Jean-Paul Daoust s’est surtout fait connaître comme poète. Récipiendaire en 1990 du Prix du gouverneur général du Canada pour son recueil Les cendres bleues et directeur de la revue Estuaire, il a publié une vingtaine d’ouvrages, principalement de la poésie. Le désert rose est son deuxième roman. Disons-le tout de suite, ce livre n’ajoutera pas à sa renommée.
Sur sept jours, et autant de chapitres, son héros Julian traîne son ennui dans le petit milieu branché de Montréal. Entre son appartement et ses rendez-vous, il se languit pour un amant qui lui refuse son amour. Voilà son drame. Gravitent autour de lui quelques personnages falots avec qui il tue le temps. Sur 400 pages, tout ce beau monde se retrouve, se quitte, parle de tout et de rien un verre à la main. À cette chronique du temps perdu, Jean-Paul Daoust a été bien inspiré d’accoler le mot désert.
C’est en effet un suprême sentiment de vacuité qu’il nous reste de cette lecture. Malheureusement, ce n’est pas l’ennui du héros rendu perceptible qui lasse, mais l’inanité avec laquelle celui-ci nous est rapporté. Le procédé retenu par Jean-Paul Daoust pour décrire son héros par l’accumulation de détails rappelle la manière de Bret Easton Ellis dans American Psycho. Mais alors que chez Ellis ce procédé servait à dénoncer le matérialisme des années
Le désert rose ne donne sans doute pas la mesure du talent de son auteur. Jean-Paul Daoust a un don certain pour manier la métaphore. Le poète rachète un peu le romancier. Toutefois, outre le fait que ses images ne sont pas toutes heureuses, le recours systématique à cette écriture allusive finit par distiller le sentiment que l’auteur manque d’emprise sur son sujet.
Le désert rose est l’un des trois titres ‘ avec Derrière le sang humain de Robert Pelchat et Dix petits phoques de Jean-Paul Tapie ‘ qui inaugurent, chez Stanké, la collection « l’Heure de sortie » consacrée à la parole homosexuelle.