Frais émoulu de l’Université de Syracuse, le jeune journaliste Willie Traynor, que rien ne prédestinait à embrasser de grandes causes, s’installe dans le comté de Ford, Mississippi, afin de prendre la relève de Wilson Caudle duquel il a acheté le Ford County Times. Jadis prospère, cet hebdomadaire, qui a perdu au fil des ans presque tous ses lecteurs, reprend peu à peu de la vigueur quand un drame vient secouer la petite communauté de Clanton et des environs : Rhoda Kassellaw est violée et poignardée sous le regard horrifié de ses deux jeunes enfants. Or, avant de mourir, elle révèle à son voisin le nom de l’assassin : Danny Padgitt.
Depuis le début du siècle, dans le comté, une famille de malfrats fait la pluie et le beau temps et règne en maître dans son île où personne, même les Forces de l’ordre, n’ose s’aventurer. Énergiques et inventifs, les Padgitt, contrebandiers de pères en fils, ont la sinistre réputation de tirer à vue sur ceux qui tentent de s’immiscer dans leurs affaires prospères. Pour faire condamner Danny, le cadet du clan Padgitt, il faudra donc beaucoup de courage, un très bon procureur et un juge intègre, ce qui est plutôt rare dans le comté.
Menée de main de maître, l’intrigue, déjà corsée, se déroule sur fond de ségrégation raciale. Callia Ruffin, femme noire avant-gardiste, a déjà défrayé la manchette du Ford County Times : « Ainsi, le 20 mai 1970, un mercredi où il n’y avait absolument rien de nouveau à publier sur l’affaire Kassellaw, le Times a consacré la moitié de sa une aux Ruffin. Sous la manchette : LA FAMILLE Ruffin fière de ses sept professeurs d’université, s’étalait une photographie de miss Callie et Esau sous leur porche ». Or, en ces temps où la déségrégation s’amorce, miss Callie sera appelée à faire partie du jury dans la cause Padgitt-Kassellaw. Neuf ans plus tard, malgré une peine d’emprisonnement à vie, Danny Padgitt est libéré.
Le propos engagé et empreint d’émotion de John Grisham dans Le dernier juré nous plonge au cœur des mSurs et de la période trouble que connaît l’État du Mississipi des années 1960 aux années 1980, ce qui n’est pas sans rappeler par moments Mississippi Burning d’Alan Parker.