Le petit livre d’un homme politique en pleine trajectoire entretient forcément une parenté plus ou moins nette avec le manuel militaire. On y fouette la conviction des troupes, on y circonscrit les torts et les faiblesses de l’adversaire, on y verse aisément dans le réductionnisme et les épithètes malséantes. Joseph Facal évite le deuxième écueil mieux que le premier : il donne à son exposé le ton du plaidoyer civilisé et pratique le genre d’escrime qui a fait le bon renom de certains duellistes.
En contrepartie, Joseph Facal, dont les responsabilités politiques n’ont cessé de s’alourdir depuis son élection en 1994, succombe à la tentation d’insister sur les torts du rival plus que sur les moyens de se substituer à lui. Par les temps qui courent, il y a peu de mérite à démontrer la soif fédérale d’homogénéisation et de nivellement. En revanche, on manque de réflexions stimulantes sur les solutions de remplacement. Joseph Facal n’est visiblement pas de l’école de ceux qui croient que « l’on ne détruit bien que ce qu’on remplace ».
Joseph Facal tient également pour acquis que le fédéralisme de 1867 fut un pacte entre deux nations. Ce fut en tout cas, dit-il, ce que perçut la collectivité francophone. Même si le thème est éculé, la référence à 1867 n’est cependant concluante que si la perception francophone était fondée. Joseph Facal n’a pas voulu rédiger un millième livre sur « la confédération, pacte ou loi ? » et on le comprend. L’absence totale de démonstration affaiblit quand même l’exposé.