La diversité culturelle, un paysage culturel qui nous donnerait le choix entre des œuvres provenant de cultures nationales diverses en matière de musique, de cinéma, de livres reste un projet à réaliser. Il ne faudrait pas confondre « diversité culturelle » et « multiculturalisme » (cohabitation de plusieurs cultures dans un seul pays). La culture des États-Unis se veut multiculturelle, mais elle ne représente pas toutes les nations, même si plusieurs y cohabitent.
L’omniprésence des films des États-Unis dans les salles de cinéma, à la télé, sur vidéo et DVD ne s’explique pas par le fait que le public les préférerait, que ces œuvres seraient supérieures, ou que les Américains produiraient une plus grande quantité de longs métrages (ce qui est inexact). Comme le rappelle Hervé Fischer, les raisons sont économiques : contrôle par des partenaires des réseaux de distribution dans plusieurs pays, énormes budgets de promotion, complicité de la critique qui publicise ces productions surmédiatisées. D’autres stratégies, comme l’achat en groupe, oblige les salles de cinéma et les télédiffuseurs à programmer – sans pouvoir choisir – une série de navets, s’il veulent obtenir le droit de présenter un film-vedette (fortement publicisé, avec des acteurs-actrices célèbres). Cette obligation commerciale fait en sorte que le paysage cinématographique est inondé depuis toujours d’œuvres américaines mineures pour combler les plages horaires, afin de permettre à un film qui n’est pas forcément de qualité mais qui attirera des foules d’être offert dans un créneau avantageux.
Dans Le déclin de l’empire hollywoodien, Hervé Fischer annonce la fin de cette hégémonie, grâce aux nouvelles technologies : le cinéma numérique, le webfilm, qui développeront de nouveaux réseaux ouverts à d’autres nations. Ce n’est pas la première fois que l’on prédit une révolution culturelle grâce à des techniques innovantes. Le sociologue Dominique Wolton avait décrit ces raisonnements utopiques dans son livre Internet et après (Flammarion, 1999 ; voir notre commentaire dans NB, no 77). Même s’il amène parfois des arguments stimulants, cet essai sans bibliographie manque souvent de rigueur : la moitié des citations demeurent sans références précises.