Jean-Claude Guillebaud, journaliste et essayiste, analyse les mouvements de fond qui ont animé l’Occident dans une série d’essais dont la publication s’échelonne sur les dix dernières années. La trahison des lumières (Seuil, 1998) a été suivi, entre autres, par Le principe d’humanité (Seuil, 2001, Grand Prix européen de l’essai) et Le goût de l’avenir (Seuil, 2003, prix Siloë et prix Humanisme de la Franc-maçonnerie française). Dernier livre en date de cette série, Le commencement d’un monde aborde la question du choc des civilisations. Il se distingue des précédents par son sujet : au lieu d’aborder des thématiques qui concernent le centre, à savoir l’Occident contemporain, l’auteur y analyse les conséquences de la montée en puissance des périphéries.
Bien entendu, Guillebaud n’est pas le premier à le faire. Plusieurs penseurs se sont déjà penchés sur la question et nombreux sont ceux qui prévoient un choc des cultures, un clash inévitable aux conséquences néfastes. L’approche de Guillebaud diffère cependant des autres quant au résultat appréhendé de ce choc : plutôt que d’y détecter un affrontement, il y voit une forme possible de métissage entre les cultures, les sociétés périphériques étant susceptibles d’adopter des éléments de la culture du centre pour les adapter à la leur.
Cette série d’essais de Guillebaud constitue une source impressionnante de découvertes, d’idées et d’analyses aussi intelligentes que surprenantes. L’auteur, des plus érudits, parvient habituellement à faire cheminer le lecteur comme peu de penseurs en sont capables. Malheureusement, ce n’est pas le cas pour ce dernier essai qui n’aborde qu’une seule idée, somme toute assez simple, qui se trouve résumée dans le sous-titre. Au fil des pages, l’auteur ne fait que décortiquer la pensée de ceux qui prévoient un choc des cultures plutôt qu’un métissage afin d’étayer sa propre thèse, ce qui entraîne une certaine monotonie dans l’argumentaire. Un livre décevant qui laisse surtout l’impression que l’auteur tenait à publier un livre trois ans tout au plus après le précédent.