Le parcours est impressionnant. Il n’y a rien de banal à passer du non-statut de refugiée à la gloire médiatique et politique. Il est rare, d’autre part, qu’une telle réussite doive tout au piston et rien aux qualités personnelles. Un préjugé favorable accueille donc les Mémoires d’Adrienne Clarkson. Il dure tant que les souvenirs portent sur l’enfance, l’insertion en milieu canadien, les études en France, l’amitié avec une femme qui a correspondu avec Rilke et dont l’appartement parisien s’orne de Borduas. L’intérêt s’étiole quand se déploie la carrière de l’adulte. Adrienne Clarkson rappelle ses rencontres prestigieuses, mais elle y greffe des commentaires anachroniques et maladroits. « Je me suis toujours estimée chanceuse d’avoir vu l’Iran avant la révolution islamique et avant toute la destruction qui accompagne inévitablement une révolution ». Le chah y régnait… « […] l’une des visions les plus mémorables que nous ayons conservées est celle d’une petite fille sur un trottoir alors que nous passions dans la rue en voiture, qui, voyant que nous la regardions, s’est couvert la tête et le visage de son tchador. Je me souviens d’avoir pensé que, si on avait quatre ans et qu’on faisait déjà cela, les chances de devenir moderne étaient bien minces. » Propos bizarres de la part d’une femme qui a réussi ce passage, étonnants de la part d’une journaliste dont les verdicts ne devraient pas imiter les couperets. Quant aux années d’Adrienne Clarkson comme gouverneur général, elles nous valent un carnet mondain, non une réflexion sur la fonction.
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