Voici un livre qui fut remarqué au Canada anglais lors de sa parution en 1993. Il s’agit d’un roman d’anticipation dont l’action se déroule au XXIVe siècle. L’histoire se déroule quelque part en Alberta, entre Leth et Calgry : Lethbridge et Calgary. Vers la fin du XXIe siècle, une mystérieuse maladie cause la disparition du sexe mâle. Une dysfonction du chromosome Y rend non viables les embryons de sexe mâle. Dans les quelques décennies suivant l’apparition de cette maladie, un chaos indescriptible s’installe. Pendant ce temps, les scientifiques tentent de trouver une cure à la maladie mais tout ce qu’ils arrivent à trouver, c’est une méthode pour assurer la survie de l’humanité grâce à la reproduction d’embryons féminins viables. Les hommes survivants passent leur frustration et leur colère en lançant des pogroms contre les femmes. Des groupes radicaux de femmes réagissent en détruisant toutes les banques de sperme, ce qui rend définitive la disparition du mal mâle.
Évidemment, comme rien n’est jamais simple, une tribu d’agriculteurs dans leurs fermes isolées du Nord, probablement d’origine amérindienne, arrive à reproduire des garçons. Cet état d’isolement perdure pendant quelques centaines d’années. Un jour, un de ces jeunes hommes convainc les dirigeantes de la communauté qu’il est possible et sécuritaire pour lui d’aller étudier à l’Université de Leth. Ce geste porte en lui le risque de provoquer l’irréparable, de révéler au monde la survie du sexe honni.
L’intrigue est menée de belle manière, ce qui fait qu’on saisit aisément le dilemme de Daniel, celui d’être un mâle inadapté dans un monde exclusivement féminin, surtout après les événements tragiques ayant immédiatement précédé la quasi-disparition du sexe masculin. On saisit également bien le sentiment de dégoût mêlé d’horreur qu’éprouvent les femmes qui, croisant son chemin, découvrent sa vraie nature.
La société exclusivement féminine est tellement supérieure à celle d’avant le grand dérangement. Il n’y a pas eu de guerre depuis 300 ans et les décisions sont prises de façon consensuelle. La monogamie est considérée comme un comportement sexuel arriéré. L’organisation socio-économique semble être un bienveillant socialisme où toutes sont conscientes de leur rôle et réalisent ce qu’on attend d’elles. En fait, c’est la société totalitaire des bons sentiments. Et les bons sentiments, selon Gide, n’ont jamais fait de la bonne littérature. Il y a bien peu de place pour la liberté dans ce monde féminin du futur. Oui, ça suscite une certaine réflexion mais c’est tellement gentil et plein de bonne volonté qu’à la fin c’est de peu d’intérêt. À éviter, surtout par l’homme blanc-rose inquiet et incertain de sa place dans le monde.