Crow Lake. Nom fictif d’un village comme il y en a tant, à 600 kilomètres au nord-ouest de Toronto. C’est là que Kate Morrison, spécialiste de la microbiologie aquatique, est née il y a une trentaine d’années. C’est là qu’un drame familial et ses nombreuses conséquences ont irrémédiablement transformé sa vie, celle de sa petite sœur Bo et de ses frères aînés, Luke et Matt. Crow Lake, elle y retourne rarement et n’envisage surtout pas d’y emmener Daniel Crane, l’homme qu’elle aime, le premier homme pour qui elle éprouve de l’admiration depuis Matt. À moins bien sûr que l’invitation d’y fêter les 18 ans de son unique neveu ne tombe sous les yeux de Daniel Installée en Angleterre depuis quelques décennies, la Canadienne Mary Lawson a écrit avec Le choix des Morrison – dont le titre original est Crow Lake -, un superbe roman qui traite tout en finesse de questions essentielles. Face à l’irrémédiable de la tragédie, quels choix avons-nous ? Quand doit-on briser le silence qui suit le drame ? Quel rôle les valeurs héritées de ceux qui nous ont précédés joue-t-il dans notre destin ? Quel filtre le sentiment de culpabilité pose-t-il sur notre capacité à comprendre ceux qui nous sont les plus proches et ce qui se passe réellement en nous ? Il faudra que Kate retourne à Crow Lake pour accepter enfin, à travers les confidences de la femme de Matt et celles de Daniel, d’enlever le filtre.
Un succès dès sa sortie, Le choix des Morrison, traduit en plusieurs langues, est le premier roman de Mary Lawson que d’aucuns rapprochent d’Annie Proulx. Une comparaison sans doute liée aux environnements rudes et splendides – le nord de l’Ontario et, en filigrane la Baie des Chaleurs en Gaspésie, pour l’une, Terre-Neuve pour l’autre – dans lesquels les deux écrivaines campent des personnages aux prises avec un lourd passé, en quête de leur propre destin.