Pour Marie, seize ans, les montagnes du Jura suisse ne ressemblent pas aux cartes postales. Si l’air y est pur, les têtes et les cœurs des habitants sont rétrécis, cadenassés. En ce jour de fin d’année scolaire, Marie la bâtarde décide de s’opposer à cette vie marquée au fer rouge dans laquelle les préjugés des bien-pensants veulent l’emmurer. Elle ne laissera plus personne la harceler ; aux insultes, elle répondra par des coups.
Au cours d’une bagarre, Marie provoque par accident la mort du fils du maire. Enfermée dans un pensionnat éloigné, elle en sort cinq ans plus tard initiée aux amitiés particulières et plus amère que jamais. Devenue journaliste, elle est envoyée dans son Jura natal couvrir la grève féroce que mènent les ouvriers contre les propriétaires des usines locales. Elle y retrouve Camille, sa seule amie d’enfance, maintenant mariée au fils d’un patron. La mort inutile et bête de Camille, qui met fin à la grève, bouleverse Marie. Sa dérive l’entraînera un temps vers la presse mondaine, puis elle quitte son amant et part en Provence à la recherche du père qu’elle n’a jamais connu. Sa rencontre, à la fois dure et salutaire, lui permettra enfin de suivre son propre chemin.
Premier roman d’un journaliste suisse, Le chemin raconte une éducation sentimentale qu’on soupçonne de refléter les préoccupations socio-économiques de l’auteur. Du coup, la vision du monde, les commentaires et les réactions de la narratrice semblent distordus et fort éloignés de la réalité d’une jeune femme qui passe, à travers plusieurs épreuves personnelles, de l’adolescence à la vie adulte. Hybride, le style d’Armand Spicher oscille entre le journalisme et la fiction. Bien que le vaste choix et la précision du vocabulaire accrochent, le nombre incalculable de phrases se terminant par des points d’exclamation ou de suspension agace jusqu’à la limite du supportable.