Par un bel après-midi de chaleur, à Outremont, sur le toit d’un duplex, Dimitri, un restaurateur d’origine grecque, est assis. Avec lui, il a une bouteille de Retsina, une radiocassette et un cerf-volant. Manifestement, le travailleur immigrant, installé au Québec depuis des années, en a assez de voir les quatre murs de son restaurant. Il n’a pas vu le printemps, l’été achève et il estime avoir le droit de prendre un petit après-midi de soleil avant que l’hiver lui tombe dessus.
Sa femme, son fils, son frère, la locataire d’en haut, tous viennent aux nouvelles mais personne ne comprend. Les sentiments et les réactions balancent entre l’inquiétude, l’indifférence, la honte, la hargne. Que vont dire les Québécois du quartier ? Que le Grec est devenu fou ? Belle publicité pour des gens que l’on trouve déjà bizarres…
Dans tout cela, Dimitri, avec son cerf-volant, attend une brise qui puisse faire s’élever son jouet. Ridicule à son âge ? Peut-être. Mais le mot cerf-volant veut dire aussi aigle, en grec, grand oiseau puissant dont les ailes peuvent mener jusqu’aux portes de la liberté. Le cerf-volant, c’est la capacité de s’élever, la fuite, l’espoir, le voyage, les images du pays, les souvenirs d’enfance, les bombes qui éclatent, les maisons incendiées, le moyen de voler vers des contrées sûres où les maisons ne brûlent pas, sont toutes neuves, toutes belles. Dimitri va se vider le cœur et nous livrer un peu de l’âme grecque.