Dans Bienvenue au club, Jonathan Coe situe l’action au cœur des années 1970 et taille la veste au régime Thatcher, comme il l’avait fait quelques années plus tôt dans son brillant Testament à l’anglaise. Dans Le cercle fermé, qui clôt le diptyque,on retrouve tous les personnages du premier roman, mais vingt et quelques années plus tard. C’est donc avec un intérêt renouvelé que l’on se plonge dans l’Angleterre de Tony Blair, à l’heure de la mondialisation, de la rentabilité à tout prix, de la guerre en Irak, des manifestations, du racisme et du terrorisme.
La quarantaine entamée, les Benjamin, Lois et Paul Trotter, Doug Anderton, Philip Chase, Claire Newman et bien d’autres n’ont certes plus l’innocence de leurs années de lycée mais ils aspirent encore à un avenir meilleur. Plusieurs ont réalisé que refaire le monde n’était pas à leur portée ; pourtant un irréductible, Paul Trotter, député travailliste opportuniste, piètre mari, père absent, semble y croire encore. Mariages réussis, divorces à l’amiable, carrières classiques, rectilignes, adultères, idéaux écroulés, le petit monde de Bienvenue au club vogue tant bien que mal dans l’Angleterre du nouveau millénaire dont Doug Anderton trace un portrait peu flatteur où « la superficialité obscène de sa vie culturelle, le triomphe grotesque du vernis sur le contenu », côtoie les tendances des « néolibéraux [ ] en quête de pureté au même titre que les fondamentalistes ou les néo-nazis ».
Charge virulente contre le gouvernement de Tony Blair, portrait réaliste des mSurs relâchées et de l’hypocrisie politique du début du vingt et unième siècle, Le cercle fermé relate d’abord et avant tout le destin de personnages attachants dont les contradictions, compromis et obsessions ressemblent à ceux des quadragénaires d’aujourd’hui, tiraillés entre rêves et désillusions.