Pour le plus grand plaisir de ses fans, Arto Paasilinna récidive ! Nous voilà plongés au cœur de la paroisse de Nummenpää, inconfortablement assis sur le banc rustique d’une église de rondins résineux. Du haut de sa chaire en pin du Nord patiné, le coloré pasteur Oskar Husskonen lance d’un ton bouillant : « Mais quand Dieu lui cingle l’échine de son fouet, il y a du poil qui vole et le Malin chie dans son froc ! »
Voilà qui donne le ton à ce dixième roman – à moins que j’en aie raté un ! – de l’original Finnois à la langue bien pendue. Ceux et celles qui fréquentent Paasilinna savent bien que ses romans sont impossibles à résumer d’ailleurs quel en serait l’intérêt ? Arto Paasilinna est un admirable conteur qui, lorsqu’il se déchaîne, n’emprunte jamais de raccourcis ! Ce passionné des détours nous entraîne avec ses héros dans des aventures plus rocambolesques les unes que les autres. Si vous n’êtes pas encore convaincu, ouvrez la première page du Bestial serviteur du pasteur Huuskonen et emboîtez le pas au valeureux pasteur en déveine et à Belzébuth, son ours apprivoisé, pour une virée qui vous conduira de la Finlande profonde à la non moins profonde Russie, de la mer Blanche au fjord de Kola puis à la mer Noire et, détour oblige, à bord de l’Oihonna, vieux rafiot de l’Irlandais Ernie O’Connor battant pavillon panaméen, des Dardanelles vers la mer Égée et j’en passe !
Au Belze Pub, le Bear Bar de l’Oihonna, en compagnie d’une centaine de touristes juifs russes, vous mesurerez le degré d’éducation du fidèle compagnon de Huuskonen qui, vous en conviendrez alors, mérite amplement son salaire conforme au tarif syndical des élèves commissaires de bord.
Pour l’évêque du diocèse d’Helsinki, « il était inconvenant qu’un ecclésiastique se promène avec un ours. C’était trop original. Un prêtre doit être quelconque, de préférence un peu plus banal que la moyenne, même, c’est la meilleure façon de diffuser la bonne nouvelle ». Monseigneur Uolevi Ketterström n’est pas au bout de ses peines car Oskar n’a rien de quelconque et pour ce qui est de la bonne nouvelle elle se fait de moins en moins bonne et convaincante car le bon pasteur n’a plus la foi !