L’Autruche Céleste met en scène une Mère Courage À Plumes, qui élève seule ses deux adolescents, Miss Acide et Don Pileux. Toute la petite famille — y compris les deux chiens, Boxer Gériatrique et Hell’s à Poils — vit dans un duplex dont le toit fuit parfois et dont la piscine peut se vider subitement en une nuit ! Mère Courage peut changer de nom tout aussi rapidement que la piscine se vide et se surnommer Mère Aubergiste, Copine Mafieuse ou Victime Bûcheronne. En fait, la Chapone Quadragénaire, principal personnage de ce roman épistolaire à une voix, étale sur 221 pages ses états d’âme pour son mieux-être et pour le plaisir de ses lectrices (car ce type de roman plaira probablement davantage aux femmes).
Ce livre, pour le moins original, fait en quelque sorte l’éloge de l’autodérision et de la thérapie épistolaire. Deux copines, anciennes collaboratrices, dont l’une vit en ville et l’autre en région, correspondent par télécopie. Bien que l’on n’ait sous les yeux que les missives de la première, Copine Philosophe, on sait, à son ton et aux propos qu’elle tient, que la seconde traverse un dur moment. À la lumière des expériences de l’une, l’autre semble émerger petit à petit de son marasme. Est-ce l’humour souvent décapant de la Copine qui est curatif, ou bien cette forme de sagesse qui s’installe dans l’âme de la persifleuse a-t-elle un effet prophylactique sur la correspondante à la dérive ?
« J’aime tellement être une autruche ! Quel bien-être pour l’âme de ne pas trop s’en faire, d’arrêter de penser à la vie à long terme. » Voilà ce que tente de mettre en pratique l’Autruche Céleste qui aspire à devenir un ange de son vivant. À 42 ans, que de constats et de deuils pour Mère Volaille ! Cette lecture vous rougit les joues comme une promenade à trente degrés sous zéro, un après-midi d’hiver ! Tonique !