On ne se remet pas facilement d’avoir écrit un best-seller mondial et Gary Jennings n’y réussit pas mieux que les autres. La comparaison, pour qui a lu les deux ouvrages de l’auteur, reste inévitable. Pourtant, L’automne aztèque ne s’attire pas que des griefs. Car, contrairement à Azteca, ce nouveau roman d’aventures ne cumule pas les lourdeurs et les longueurs du précédent. Par contre, les détails historiques et les recherches archéologiques sont effleurés, laissant au lecteur le soin d’accomplir lui-même ses propres recherches historiographiques. L’écrivain résiste difficilement à la tentation de copier certaines scènes déjà écrites et, trop fréquemment, cette pâle copie ne peut même pas s’apparenter à une suite. La description par un Indien et une Métisse de l’asservissement des Indiens vu à travers leur regard demeure intéressante et donne à réfléchir sur l’éternelle cupidité de l’homme blanc. Cependant, les mécanismes de la domination espagnole sont trop modestement et timidement démontrés. Chaque chapitre se termine sur un manque ; la soif du lecteur n’est pas étanchée ni ses aspirations comblées.
Certaines incohérences narratives amènent des diversions intéressantes, comme la rencontre avec le peuple Yaqui, qui, des siècles plus tard, sera célébré par les ethnologues et les adeptes du New Age. Une page ou deux proposent une analyse attrayante des différences et des similitudes entre le christianisme et la religion ancestrale aztèque. Malheureusement, l’auteur, évoquant l’oppression brutale dont se rendaient coupables les hommes blancs, n’échappe pas à la litanie habituelle. Il livre une série d’horreurs commises lors de la Conquête et aux temps de l’installation des Espagnols, comme la ménagère fait sa liste de courses. Il aurait pu présenter les faits de façon plus originale.
L’automne aztèque pourrait donc être catalogué comme chronique agréable, ce qui n’est déjà pas si mal. Mais il manque comme qui dirait un petit supplément d’âme.