Jusque-là auteure de littérature pour la jeunesse, Janet Fitch avec ce premier roman pour adultes ne dément pas son attachement pour les enfants et les adolescents. Laurier blanc raconte la vie mouvementée de la jeune Astrid Magnussen, fille d’une poétesse qui ne la considère, en somme, que comme son prolongement, comme une espèce d’appendice de sa propre personnalité. Après le drame dont elle est témoin et qui la sépare de sa mère, Astrid entreprend la quête de son identité. Entre 13 et 18 ans, elle vit dans différents foyers d’accueil où elle fait la connaissance d’adultes et d’enfants naufragés comme elle : « Je les portais toutes en moi, j’avais été sculptée par toutes les mains entre lesquelles j’étais passée, avec indifférence ou avec tendresse, peu importait. » La relation en miroir d’une mère et de sa fille est observée et décrite ici avec intelligence et lucidité, le tout rendu par une écriture vigoureuse dont la justesse permet d’apprécier la complexité des personnages et des situations émouvantes dans lesquelles ils se trouvent le plus souvent plongés.
Ce roman nous tient en haleine non pas comme le ferait un thriller, mais bien comme la longue confidence d’une amie : « Peut-être qu’un jour ma vie aurait un sens, à condition que je puisse en rassembler les morceaux et les réunir tous en même temps. » Comme une lentille grossissante, le regard d’Astrid sur sa courte vie nous révèle la cruauté des rapports qu’entretiennent les personnes qui ne respectent pas l’altérité. On reconnaît dans l’écriture précise et rigoureuse de Janet Fitch le souffle d’une grande auteure.