Contrairement à la logique occidentale selon laquelle « méditer » signifie se mettre à réfléchir, à raisonner sur un objet, « méditer » dans la tradition orientale, c’est arrêter de penser pour fixer paisiblement et durablement son esprit sur un objet. C’est le Bouddha en position du lotus, solidement et confortablement assis à terre, les jambes croisées et le visage serein, qui constitue, pour l’Occident, ce modèle de l’homme en méditation.
Méditer implique différentes étapes que rappelle Lynne Cardinal ; d’abord « le retrait des sens » : le mental ne reçoit plus les messages que les organes des sens lui envoient ; il faut ensuite que le méditant canalise son énergie physique et mentale, pour se laisser absorber par et dans un objet ‘ comme lorsqu’on dit par exemple « j’étais tellement absorbé par mon travail que je ne vous ai pas entendu venir » ‘ ; il faut enfin fusionner avec cet objet au point d’oublier que l’on est en situation d’observation. En état de méditation, l’individu ne s’identifie plus à ses pensées, il n’est plus soumis aux fluctuations du mental. À l’instar de toutes les pratiques spirituelles, la méditation permet de faire l’expérience du silence intérieur ‘ silence des afflictions principales que sont l’ego, l’attachement, le rejet, l’aversion et la peur ‘, ce qui n’est pas une coupure mais une union à soi-même qui permet d’aller, en toute tranquillité, vers le reste du monde.
L’art de la méditation ne s’improvise pas : il s’apprend, il s’apprivoise par une pratique régulière et par un travail de réflexion. L’ouvrage de Lynne Cardinal se présente à la fois comme un témoignage – l’auteure a vécu 15 ans en Inde – et un guide pratique. Elle insiste sur l’importance du contrôle du souffle et présente de nombreuses techniques respiratoires. Elle aborde des notions philosophiques importantes comme le détachement, le contentement ou encore la vigilance, commente quelques sutras des Yoga Sutras de Patañjali et ponctue son récit d’anecdotes personnelles, de citations et de contes qui viennent agréablement illustrer ses propos. Le livre s’achève sur des conseils pratiques, pour vivre en harmonie avec les autres tout en essayant de se rapprocher de soi-même. À conseiller à tous ceux qui désirent être heureux, et dans ce but, n’espèrent plus le bonheur, se contentant du présent. Car de Platon aux sages indiens, en passant par Pascal, Jules Renard, Freud et plus récemment André Comte-Sponville, tous le disent : la seule façon de connaître le bonheur, c’est d’y renoncer en cessant de l’espérer.