Pour rédiger, Flaubert, qui aimait répéter que « la marche est délétère », restait cloîtré pendant des semaines dans sa maison de Croisset. « On ne peut penser et écrire qu’assis » assurait-il, ce à quoi Nietzsche aurait répondu : « Être cul de plomb, voilà par excellence le péché contre l’esprit ! Seules les pensées qu’on a en marchant valent quelque chose ». Probablement poussé par la perte à quelques mois d’intervalle de son père et de sa jeune sœur Caroline, Flaubert s’élancera à pied dans une traversée de la Bretagne. Il y trouvera l’inspiration nécessaire pour rédiger Par les champs et par les grèves, une œuvre qu’il voulait novatrice, rejoignant par le fait même le groupe des philosophes, des écrivains et des poètes qui se sont laissé inspirer par leur activité pédestre.
Mais quels sont ces paysages qui servirent d’inspiration ? C’est pour répondre à cette question que Jean-Louis Hue est parti à la découverte de ces espaces qui ont enflammé les esprits, se promenant sur les lieux qui servirent de laboratoire à certains auteurs. C’est ainsi qu’il chemine en compagnie du philosophe Pétrarque sur le mont Ventoux, du poète Bashô pendant sa traversée du Japon, du romancier Stevenson alors qu’il bivouaque dans les Cévennes, sans oublier les déambulations de Jean-Jacques Rousseau à Val-de-Travers ou de Henry David Thoreau dans les forêts du Maine.
Cet ouvrage ne saurait être complet sans la présentation de ces lieux presque mythiques, qui ont attiré nombre d’écrivains, tels Fontainebleau, les Alpes, les grands boulevards de Paris, mais aussi le Huangshan, la route du Tôkaidô et celle qui mène à Saint-Jacques-de-Compostelle. Un livre qui fait voyager à travers les époques, les lieux et les livres, et qui permet de s’abandonner à « la mélancolie qui saisit tout marcheur au terme d’une randonnée, ce sentiment que rien n’a été accompli et qu’on s’en retourne comme on est venu ».