L’amour Mallarmé de Guy Moreau, récipiendaire du Prix Robert-Cliche du premier roman en 1999, est un roman de l’adolescence. J’irai même jusqu’à dire, sans nécessairement vouloir être réducteur, un roman pour adolescents, même si rien sur la couverture du livre ne le suggère.
Ce livre, qui raconte les déboires amoureux d’un adolescent surnommé Mallarmé (parce que, dans sa jeunesse, son bégaiement ressemblait au crépitement d’une mitrailleuse enrayée), est fascinant à bien des égards. Se mettre dans la peau d’un adolescent pour raconter une histoire peut excuser une syntaxe défectueuse par moments, mais l’auteur, par ailleurs père de trois enfants, s’y glisse si bien que l’illusion semble parfaite. La justesse des sentiments exprimés par le narrateur nous donne réellement l’impression que c’est un adolescent qui nous raconte son histoire. Par contre, la psychologie chevaleresque de cet adolescent, nouveau représentant de l’amour courtois rêvant déjà de peupler la terre de nouveaux occupants, a bien failli me donner de nouvelles poussées d’acné.
Ce n’est tout de même pas dans un « meilleur des mondes » couvert de fleurs bleues que ce Mallarmé évolue, mais à Windsor PQ, tout près de Sherbrooke. La quatrième de couverture du livre nous apprend que Guy Moreau a écrit l’histoire de cette ville et, fâcheusement, cela se vérifie dans le texte. La recherche de la comparaison ou de la métaphore à tout prix, même à celui de perdre en pertinence, est trop systématique, encore que de très belles envolées, particulièrement dans la relation de la révolte ou du mal de vivre, ponctuent le récit : « Ça me faisait peur de sortir. Dehors c’était trop grand pour moi, le plafond était trop haut, les murs trop loin. Me semblait que tout le dehors allait me rentrer en dedans, que j’avais plus de défense et que je pourrais craquer. »
Bref, un bon livre, qui ne réinvente rien, mais qu’on pourrait conseiller aux adolescents ou à leurs parents qui chercheraient à les comprendre un peu mieux.