Après la La fin du travail puis Le siècle biotech parus chez le même éditeur, Jeremy Rifkin poursuit son analyse prospective de l’évolution du capitalisme. L’économie de marché industrielle serait donc engagée dans une importante phase de transformation vers une «économie en réseau et de l’interconnexion généralisée ». Cette transition, l’auteur la résume à trois processus essentiels. Le premier concerne la mutation de la structure des marchés vers la constitution de réseaux dont la représentation idéale est l’extension du cyberespace. Ici, acheteurs et vendeurs deviennent prestataires et usagers. Le second implique que l’acquisition ou la vente de biens et services centrées sur la notion de propriété cèdent la place progressivement à une notion concurrente basée sur le contrôle et la régulation de l’accès aux objets qui caractérisent la dématérialisation actuelle de l’économie. Enfin, le troisième concerne les modifications ou carrément la redéfinition des bases de l’activité économique qui en découlent. Celles-ci reposeraient moins sur la production industrielle proprement dite que sur la production culturelle croissante, la « marchandisation de la culture humaine ».
Une trajectoire fondamentale donc, dominée par l’accès à des « segments d’expérience » et non par l’appropriation de biens durables. C’est l’économie de l’expérience, de la mise-en-scène des scénarios de notre propre existence. L’indice de calcul de la relation marchande au client devient alors déterminant pour mesurer l’ensemble de notre temps libre qui sera soumis à la sphère marchande, c’est le LTV (lifetime value) ! Probablement le point fort de cet ouvrage, c’est ce tableau incroyable qui nous est dressé des bouleversements des modalités de l’échange au sein de la sphère de consommation ; l’impact présent et à venir sur la qualité des relations humaines est brillamment cerné.