Le thème est d’une actualité criante, la formule pascalienne, l’analyse entée sur le réel, le philosophe convivial. Tout cela façonne un livre accessible et nécessaire, même si le titre, accrocheur, escamote le vrai sujet : la responsabilité.
Victime d’une mode qui s’en gargarise sans l’assimiler, la notion de responsabilité, déclare Alain Etchegoyen, est devenue populaire et opaque. Les avocasseries font que la personne à qui on demande, après un accident, si elle est « responsable » se borne désormais à répondre que non : « J’ai une police d’assurance blindée. » Le contenu moral de la responsabilité s’estompe et disparaît au bénéfice d’une définition réductrice et défensive. On retrouve les thèmes de Jonas et de Lévinas.
Alain Etchegoyen, qui se garde de confondre responsabilité et culpabilité, insiste non seulement pour rapatrier le mot et la nation dans le champ moral, mais pour leur restituer leurs pleines connotations positives. Identifier un responsable, ce ne doit pas être uniquement le préalable à une condamnation, mais aussi le geste qui conduit aux félicitations et à l’hommage. Être responsable d’une réussite, c’est possible !
Les intermèdes culinaires ne convaincront pas tout le monde, mais s’il faut cela pour expliquer la responsabilité, allons-y.