À l’aube de la quarantaine, une femme voit sa vie basculer, littéralement. Une perte de conscience, une chute banale, un scan de la tête et le diagnostic s’abat comme une tempête : tumeur maligne incurable. La malade ne fêtera pas ses cinquante ans.
On pourrait espérer que la tragédie qui fond sur une jeune et jolie professionnelle parisienne la transmue en un monument de sérénité zen et que le plomb de l’horreur s’évapore en poussière d’or sous la charge d’amour empathique de l’entourage.
Il n’en est rien. Car, comme le constate l’héroïne, « être, c’est être tout seul ».
Dépoussiérée des habitudes, dénudée par le malheur, écartée du monde d’avant, celui des biens et services, la jeune femme doit encore affronter la couardise de ceux pour qui la compassion et la pudeur émotionnelle sont des valeurs désuètes. Des amis qui répondent presque au porte-voix, des collègues qui semblent manquer d’enveloppe pour adresser un mot d’encouragement, des intervenants brusques qui désignent la personne par le nom de son cancer, tous permettent au froid de grandir et à la vitalité de s’échapper un peu plus.
Loin du témoignage larmoyant, de l’entretien dirigé, ce récit écrit au je vibre de véracité et confirme la capacité humaine de rester lucide et de s’amuser du pire, jusqu’à la fin.
De vivre, quoi.